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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/271

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gent aussi tost crues que cuites, comme semblablement d’vne autre sorte de racine, ressemblant aux Panays, qu’ils appellent Sondhratates, lesquelles sont à la verité meilleures de beaucoup : mais on nous en donnoit peu souuent, et lors seulement que les Sauuages auoient receu de nous quelque present, ou que nous les visitions dans leurs Cabanes.

Ils ont aussi de petits Oignons nommés Anonqne, qui portent seulement deux fueilles semblables à celles du Muguet, ils sentent autant l’Ail que l’Oignon ; nous nous en seruions à mettre dans nostre Sagamité pour luy donner goust, comme d’vne certaine petite herbe, qui a le goust et la façon approchante de la Marjoleine sauuage, qu’ils appellent Ongnehon : mais lorsque nous auions mangé de ces Oignons et Ails crus, comme nous faisions auec vn peu de pourpier sans pain, lorsque nous n’auions autre chose, ils ne vouloient nullement nous approcher, ny sentir nostre haleine, disans que cela sentoit trop331||mauuais, et crachoient contre terre par horreur. Ils en mangent neantmoins de cuits sous la cendre, lorsqu’il sont en leur vraye maturité et grosseur, et non iamais dans leur Menestre, non plus que toute autre sorte d’herbes, desquelles ils font tres-peu d’estat, bien que le pourpier ou pourceleine leur soit fort commun, et que naturellement il croisse dans leurs champs de bled et de citrouilles.

Dans les forests, il se voit quantité de Cedres, nommez Asquata, de très-beaux et gros Chesnes, des Fouteaux, Herables, Merisiers ou Guyniers, et vn grand nombre d’autres bois de mesme espece des nostres, et d’autres qui nous sont incogneus : entre lesquels ils