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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/272

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ont vn certain arbre nommé Atti, duquel ils reçoiuent et tirent des commoditez nompareilles.

Premierement, ils en tirent de grandes lanieres d’escorces, qu’ils appellent Ouhara : ils les font bouillir, et les rendent enfin comme chanvre, de laquelle ils font leurs cordes et leurs sacs, et sans estre bouillie ny accommodée, elle leur sert encore à coudre leurs robbes, et toute autre chose, à faute de nerfs d’Eslan ; puis leurs plats et escuelles d’escorce de Bouleau, et aussi332||pour lier et attacher les bois et perches de leurs Cabanes, et à enuelopper leurs playes et blesseures, et cette ligature est tellement bonne et forte qu’on n’en sçauroit désirer vne meilleure et de moindre coust.

Aux lieux marescageux et humides, il y croist vne plante nommée Ononhasquara, qui porte vn tres-bon chanvre ; les Sauuagesses la cueillent et arrachent en saison, et l’accommodent comme nous faisons le nostre, sans que i’aye peu sçauoir qui leur en a donné l’inuention autre que la necessité, mere des inuentions. Apres qu’il est accommodé, elles le filent sur leur cuisse, comme i’ay dict, puis les hommes en font des lassis et filets à pescher. Ils s’en servent aussi en diuerses autres choses, et non à faire de la toile : car ils n’ent ont l’vsage ny la cognoissance.

Le Muguet qu’ils ont en leur pays a bien la fueille du tout semblable au nostre, mais la fleur en est toute austre : car outre qu’elle est de couleur tirant sur le violet, elle est faicte en façon d’Estoille grande et large comme petit Narcis : mais la plus belle plante que i’aye veuë aux Hurons (a mon aduis) est celle qu’ils appel-333||lent Angyahouiche Orichya,