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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/274

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de ceux qui n’ont pas la gloire de Dieu pour but et regle de leurs actions, qu’ils n’aspirent tousiours qu’aux choses de la terre qui peuuent seulement donner quelque assouuissement au corps, et non en l’esprit, que Dieu seul peut contenter.

Au retour de mon voyage, lors que ie m’efforçois de faire entendre la necessité que nos pauures Sauuages auoient d’vn secours puissant, qui fauorizast leur conuersion, et qu’il y auoit cent mille ames à gaigner à Iesus-Crist, plusieurs mal-deuots me demandoient s’il y avoit cent mille escus à gaigner aupres : voulans dire par là que la conuersion et le salut des ames ne leur estoit de rien, et qu’il n’y auoit335||que le seul temporel qui les peust esmouuoir à l’ayde et secours dudict pays. Voicy donc, ô mal-deuots, les thresors et richesses ausquelles seules vous aspirez avec tant d’inquietudes. Elles consistent principalement en quantité de Pelleteries, de diuerses especes d’Animaux terrestres et amphibies. Il y a encore des mines de Cuivre qui ne deuroient pas estre mesprisées, et desquelles on pourroit tirer du profit, s’il y avoit du monde et des ouuriers qui y voulussent trauailler fidellement, ce qui se pourroit faire, si on auoit estably des Colonies : car enuiron quatre-vingts ou cent lieuës des Hurons, il y a vne mine de Cuivre rouge, de laquelle le Truchement me monstra vn lingot au retour d’vn voyage qu’il fit dans le pays.

On tient qu’il y en a encore vers le Saguenay, et mesme qu’on y trouuoit de l’or, des rubis et autres richesses. De plus quelques-vns asseurent qu’au pays Souriquois il y a non seulement des mines de Cuivre