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L’ACADÉMIE ET LES ACADÉMICIENS.

nova, les opinions philosophiques de toutes les écoles. Sans se piquer d’invention, il savait exposer les idées d’autrui, et sa critique témoigne d’un jugement sûr.

Duhamel eut d’ailleurs la bonne fortune de choisir pour aide et de léguer à l’Académie, pour second secrétaire perpétuel, l’ingénieux et brillant auteur de la Pluralité des mondes.

Fontenelle eut un talent éclectique. Il passe pour avoir réussi également dans les lettres et dans les sciences. Neveu des deux Corneille par sa mère, il inclina naturellement dans sa jeunesse vers les succès littéraires. Il fit des tragédies, mais elles furent sifflées. Doué d’un esprit aussi prudent que sagace, il ne força point son naturel, et se tourna du côté de la critique. La célèbre querelle des anciens et des modernes était alors dans toute sa force ; Fontenelle, esprit pratique, — utilitaire, comme nous dirions maintenant, — prit parti pour les modernes dans une série de dialogues qui ne laissèrent pas d’avoir une certaine vogue. Mais il trouva surtout sa voie le jour où il publia ses célèbres entretiens sur la Pluralité des mondes. Le succès en fut immense. L’élégant docteur et la belle marquise que Fontenelle mettait en scène parlaient des hautes conceptions de la science dans une langue claire et facile dont quelques concetti n’altéraient point la précision. Fontenelle comprit qu’il avait un rôle à jouer, une position à prendre, en mettant à la portée des esprits littéraires les grandes vérités de la science. Il s’appliqua donc à les étudier, et suivit le mouvement scientifique de son temps. Mais il s’y prit sur le tard, et chez lui la forme emporta toujours le fond. Nous avons déjà apprécié la valeur de Fontenelle ; nous avons dit qu’il ne fut point un savant et qu’il ne prit les sciences que par leur surface. Il était admirablement habile à saisir ce qui pouvait frapper les esprits ; mais, sur