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Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/65

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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

Lozerande de Fiesc, jésuite, et le comte de Créqui-Canaple. Les deux mémoires de Cirey eurent du moins l’honneur d’être imprimés par l’Académie à la suite des travaux couronnés. L’Académie les fit précéder d’un avertissement conçu en ces termes : « Les auteurs des deux pièces suivantes s’étant fait connaître et ayant désiré qu’elles fussent imprimées, nous y avons consenti avec plaisir, quoique nous ne puissions approuver l’idée que l’on donne, dans l’une et l’autre de ces pièces, de la nature du feu ; l’une et l’autre supposent une grande lecture, une grande connaissance des meilleurs ouvrages de physique, et ils sont remplis de faits et de vues ; d’ailleurs le no 6 est d’une dame d’un haut rang, de madame du Chastelet, et la pièce no 7 est d’un des meilleurs de nos poëtes. »

Le mémoire d’Euler ne contenait sur la nature du feu aucune vue neuve ni aucune expérience intéressante. Il s’en tenait, suivant la méthode de l’ancienne physique, à de pures spéculations. Pour lui, la matière ignée est un fluide spécial emprisonné dans les molécules des corps, comme le serait de l’air fortement comprimé dans de petites bulles de verre ; les molécules éclatent à un moment donné comme le feraient les bulles de verre, et se brisent les unes les autres : c’est là la combustion. Si le mouvement ne va pas jusqu’à rompre les enveloppes, le corps s’échauffe sans brûler. Le mémoire d’Euler contenait seulement un détail de haut intérêt ; il donnait une formule pour déterminer la vitesse des ondes dans les milieux élastiques : c’était là une question que Newton avait étudiée en vain, et qu’il avait renoncé à résoudre. La solution d’Euler n’était qu’à demi exacte, et il fallut la corriger plus tard. C’en était assez cependant pour frapper les juges du concours, et cette circonstance explique la décision de l’Académie en ce qui concerne Euler.