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Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/82

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CANDIDATURE ACADÉMIQUE.

Il y a plus : il est probable que Voltaire, en songeant à poser la candidature dont nous parlons, avait en vue la fonction de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, dont Fontenelle, devenu vieux, se désista en 1739. L’ingénieux auteur de la Pluralité des mondes avait rempli avec beaucoup de distinction cet office de secrétaire perpétuel ; il n’était pourtant pas, lui non plus, un savant de profession, et il n’entrait pas bien profondément dans les diverses théories dont sa charge l’amenait à parler ; mais il avait une merveilleuse facilité à saisir la surface des choses ; il savait prendre dans chaque question ce qu’elle avait de brillant et la montrer au public sous l’angle où elle rayonnait le mieux. Sceptique d’ailleurs et ne se laissant aller entièrement à aucune opinion, il se jouait également avec tous les systèmes et les présentait tous avec une aimable désinvolture. « Il ne faut donner, disait-il, qu’une moitié de son esprit aux choses de cette espèce, et en tenir une autre moitié libre où le contraire puisse être admis. » Les éloges des membres de l’Académie, que Fontenelle prononçait dans les séances publiques, ont surtout acquis une juste célébrité. Un tour noble et aisé, un choix heureux de détails biographiques, une analyse ingénieuse des travaux et des découvertes de chacun, font de ces petits morceaux autant de chefs-d’œuvre qui occu-


    madame du Châtelet. En 1740, Voltaire vient de partir pour un voyage en Prusse. La marquise écrit à d’Argental pour se plaindre de l’ingratitude de son ami, qui s’absente au moment même où elle vient de rajuster les affaires de Voltaire. « J’ai été cruellement payée de tout ce que j’ai fait à Fontainebleau. Je lui procure un retour honorable dans sa patrie ; je lui rends la bienveillance du ministère ; je lui ouvre le chemin des académies ; enfin, je lui rends en trois semaines tout ce qu’il avait pris à tâche de perdre depuis six ans. Savez-vous comment il récompense tant de zèle ? etc. » On voit que madame du Châtelet parle des académies et non point seulement de l’Académie française.