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Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/9

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MADAGASCAR.


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POÈME.

I.


Juin nous ramène encor son triste anniversaire,
Deux lustres ont passé sur ce jour funéraire
Dont le seul souvenir nous met le rouge au front,
Jour de deuil qui souilla du plus cruel affront
L’honneur immaculé des enfants de la France,
Où d’un peuple odieux la barbare insolence,
Fièrement abritée à l’ombre de ses forts,
Fit blanchir au soleil les crânes de nos morts.

Quand parvint jusqu’à nous l’écrasante nouvelle
Du sang français perdu sur la rive infidèle,
Tous, créoles émus d’un généreux espoir,
Vers notre mère, hélas ! nous regardions pour voir
Si sa fibre d’honneur palpiterait encore,
Si son bras vengerait le drapeau tricolore.
Attentifs, l’œil fixé sur l’obscur horizon,
Il nous semblait ouïr son belliqueux clairon
Et distinguer au loin, voguant sous nos étoiles,
De rapides steam-boats, de blanchissantes voiles.
Espérance déçue, attente sans effet !
Notre pieux désir ne fut point satisfait.