Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/10

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Courtisant humblement l’orgueilleuse Angleterre,
Le ministre Guizot s’inclinait jusqu’à terre
Devant lord Palmerston l’accablant de dédain.
Quand l’insulte fouettait le front du puritain,
Sûr de ses corrompus, les satisfaits du centre,
Il disait : « Vive Dieu ! je marche sur le ventre,
« Mais il faut à ce règne une paix à tout prix :
« D’autres vivent d’honneur ; nous vivons de mépris. »
Et nous l’avons gardé ce soufflet sur la joue !
Notre saint étendard est traîné dans la boue,
Comme un haillon sali, comme un symbole vain
Chez ce peuple féroce, esclave du tanguin.

Pourtant vit-on jamais une plus noble chance,
Un plus large avenir flatter notre espérance ?
Pour un coup d’éventail jadis n’avons-nous pas
Prodigué dans Alger notre or et nos soldats ?
La France peut sans doute, en ses pages de gloire,
Buriner les grands noms qu’y sacra la victoire ;
Des combats de géants, d’héroïques travaux
À nos vieux grenadiers ont montré leurs rivaux.
Plusieurs ont blasonné, sur ces champs de bataille,
Un moderne écusson noirci par la mitraille ;
Les héros chevronnés d’Arcole et de Memphis
Dans les soldats d’Afrique ont reconnu leurs fils.
Au prix de tant d’exploits, de luttes incessantes,
Des Arabes vaincus les tribus frémissantes
Ont ployé sous le joug leur indomptable cœur ;
Partout flotte sur eux notre drapeau vainqueur.
Des bornes du désert aux murs de Constantine,
De la France partout l’influence domine ;
Partout les arts, les mœurs de l’antique Orient
S’effacent au flambeau qui luit sur l’Occident.