Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/152

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À peine avois-je dit ce que ma main exprime,
Que sur ces pas cheris mes levres je r’imprime,
Et m’arrachant moy-mesme à regret de ce lieu,
Mes soûpirs seulement purent leur dire adieu.
Philis, voyez par là combien je vous honore,
Et pour en parler mieux, combien je vous adore,
Puisque ce que vos pieds n’ont touché qu’en passant
Tire de mon amour un effet si puissant.
Mais, ô rare beauté ! j’oubliois à vous dire
Que là tous les objets, pour croistre mon martyre,
De vostre bel aspect tous gais, tous embellis,
Sembloient dire à mes yeux : Nous avons veu Philis.

De grâce, octroyez-moy que ce bon-heur m’arrive,
Ou je verray bien-tost la sombre et pasle rive,
Car un demon me dit, me suivant pas à pas,
Que ce retardement hastera mon trespas.