Chaque morceau vaut un ducat,
Voire six verre de muscat,
Et vos dents n’auront point de honte
D’en avoir fait si peu de conte.
Bilot, qui m’en avois muny,
Hé ! pourquoy n’est-il infiny
Tout aussi bien en sa matiere
Qu’il l’estoit en sa forme entiere ?
Pourquoy, tousjours s’apetissant,
De lune devient-il croissant ?
Et pourquoy, si bas sous la nue,
S’eclipse-t-il à nostre veue ?
Respons, toy qui fais le devin,
Crois-tu qu’un manger si divin,
Vienne d’une vache ordinaire ?
Non, non, c’est chose imaginaire.
Quant à moy, je croy qu’il soit fait
De la quintessence du lait
Qu’on tira d’Yo transformée,
Qui fut d’un dieu la bien-aymée.
Garçons, pour vous en assurer,
Je ne craindray pas d’en jurer,
Puis que sans contredit je trouve
Que sa vieillesse me le prouve.
Ô doux cotignac de Baccus !
Fromage, que tu vaux d’escus !
Je veux que ta seule memoire
Me provoque à jamais à boire.
Verse, laquais.