Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA BERNE.


Excroqueuse de gringuenaude,
Avec ton nez à chiquenaude,
Où pend pour enseigne un morveau,
Que ton gros cocu, Jean le Veau,
Avalle en guise d’huistre verte.
Alors qu’il lèche à gueule ouverte
Ton chien de groin, qui sent plus fort
Que les ϰοῡιλλες d’un asne mort,
Il faut enfin que je te tire
Les poignants traits d’une satyre
Dont le stile goinfre et mocqueur
T’aille percer jusques au cœur.
Tu devrois bien chérir ma muse,
Fuis qu’à ce coup elle s’amuse,
Ô vieille Amelite aux grands jeux !
À te porter dedans les deux,
Mais j’entens avec une berce :
C’est ainsi qu’elle s’y gouverne,
Et je t’en dy la vérité
Pour rabattre ta vanité.
Chers enfans de la medisance.
Qui jadis par toute la France
Fistes valoir mille escus-cars
Le moindre de tous vos brocars ;
Tous, que Mome en riant advoue
Et dont les escrits font la moue
À quiconque seroit si sot
Que d’en oser reprendre un mot ;
Régnier, Berthelot et Sygongne,[1]

  1. Nous ne pouvons rien dire ici sur Regnier qui ne soit connu. Berthelot et Sygogne eurent grande part au Cabinet sa-