Page:Saint-Amant - 1907.djvu/106

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Quel ennui la va consumant
D’être si loin de son amant.

Et même elle lui parle ainsi
     En son muet langage :
Hélas ! je deviendrai souci
     Au malheur qui m’outrage,
Si de ma fidèle amitié
Mon fier destin ne prend pitié.

Amour, sur moi comme vainqueur,
     Exerce ses rapines,
Et moins en mes bras qu’en mon cœur
     Je porte des épines ;
Mais je ne vivrai pas longtemps :
C’est le seul bien où je m’attends.

Encore si, pour réconfort,
     Quelques beaux doigts me cueillent
Avant que, par un triste sort,
     Tous mes honneurs s’effeuillent,
Je n’aurai rien à désirer,
Et finirai sans murmurer.

Reine des fleurs, apaise-toi :
     Voici venir Sylvie,
Qui t’apporte en elle de quoi
     Contenter cette envie,
Car sa main de lys a dessein
De te loger en’son beau sein.