Page:Saint-Amant - 1907.djvu/105

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Et montre au pêcheur indigent
Ses riches écailles d’argent.

L’abeille, pour boire des pleurs,
     Sort de sa ruche aimée,
Et va sucer l’âme des fleurs
     Dont la plaine est semée ;
Puis de cet aliment du ciel
Elle fait la cire et le miel.

Le gentil papillon la suit
     D’une aile trémoussante,
Et, voyant le soleil qui luit,
     Vole de plante en plante,
Pour les avertir que le jour
En ce climat est de retour.

Là, dans nos jardins embellis
     De mainte rare chose,
Il porte de la part du lys
     Un baiser à la rose,
Et semble, en messager discret,
Lui dire un amoureux secret.

Au même temps, il semble à voir
     Qu’en éveillant ses charmes,
Cette belle lui fait savoir,
     Le teint baigné de larmes,