Page:Saint-Amant - 1907.djvu/112

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Vers les cieux plus beaux que saphirs ?
Ou tantôt morne et solitaire,
Rêvant à quelque haut mystère,
Que les Muses, ces belles sœurs,
Montrent avec tant de douceurs,
S’en aller en quelques lieux sombres
Loger Phœbus entre les ombres,
Et faire en cette obscurité
Un vers digne de la clarté ?
Ou parfois ouïr Philomèle,
Saluant la saison nouvelle,
Par un doux chant se consoler
Du temps qu’elle fut sans parler,
Quand l’infâme et cruel Térée
Après l’avoir déshonorée,
La réduisit, pour toute voix,
Au triste ouvrage de ses doigts ?
Toutes ces belles fantaisies.
De qui nos âmes sont saisies,
Sont-elles, dis-je, le sujet
Qui te porte à ce beau projet ?
Parle, cher ami, je t’en prie,
Si tu ne veux que je m’écrie :
On fait à savoir que Faret
Ne rime plus à cabaret ;
Ce seul départ l’en rend indigne,
Il est dégradé de la vigne,
Et Bacchus, notre puissant roi,