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SONNET


Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

L’espoir qui me remet du jour au lendemain,
Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée.
Et, me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu’en mon premier état il me convient descendre.
Et passer mes ennuis à redire souvent :

Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d’espérance.
Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.


SONNET


Voici le rendez-vous des enfants sans souci,
Que pour me divertir quelquefois je fréquente.
Le maître a bien raison de se nommer la Plante,
Car il gagne son bien par une plante aussi.