Page:Saint-Amant - 1907.djvu/129

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Vous y voyez Bilot pâle, morne et transi,
Vomir par les naseaux une vapeur errante ;
Vous y voyez Sallard chatouiller la servante,
Qui rit du bout du nez en portrait raccourci.

Que ce borgne a bien plus Fortune pour amie
Qu’un de ces curieux qui, soufflant l’alchimie.
De sage devient fol, et de riche indigent !

Celui-là sent enfin sa vigueur consumée.
Et voit tout son argent se résoudre en fumée ;
Mais lui, de la fumée il tire de l’argent.


SONNET


Me voyant plus frisé qu’un gros comte allemand,
Le teint frais, les yeux doux, et la bouche vermeille,
Tu m’appelles ton cœur, ton âme, ta merveille.
Et me veux recevoir pour ton plus cher amant.

Tu trouves mon maintien si grave et si charmant,
Tu sens à mes discours un tel goût en l’oreille,
Que tu me veux aimer d’une ardeur nonpareille.
Où désormais ta foi sera le diamant.

Pour me donner un nom qui me soit convenable,