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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/136

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SAINT -AMANT

Pomone, qui préside aux fruits, Afin qu’au goût il se rencontre Aussi bon qu’il a belle montre, Et qu’on ne trouve point en lui Le défaut des gens d’aujourd’hui.

Notre prière est exaucée. Elle a reconnu ma pensée : C’en est fait, le voilà coupé, Et mon espoir n’est point trompé. dieux ! que l’éclat qu’il me lance, M’en confirme bien l’excellence I Qui vit jamais un si beau teint ! D’un jaune sanguin il se peint ; Il est massif jusques au centre, Il a peu de grains dans le ventre, Et ce peu-là, je pense encore Que ce soient autant de grains d’or ; Il est sec ; son écorce est mince ; Bref, c’est un vrai manger de prince ; Mais, bien que je ne le sois pas, J’en ferai pourtant un repas.

Ha ! soutenez-moi, je me pâme Ce morceau me chatouille l’âme ; Il rend une douce liqueur Qui me va confire le cœur ; Mon appétit se rassasie