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SAINT-AMANT

La superbe Junon, qui dans une charrette Que des paons font rouler, fait souvent sa retraite En l’empire incertain des animaux volants, Prit de la main d’Iris un bouquet d’ortolans. Qui fleurissait de graisse, et conviait la bouche A lui donner des dents une prompte escarmouche. Durant qu’il était chaud, et qu’il s’en exhalait Un gracieux parfum que le nez avalait.

Le compère Denys *, à la trogne vermeille. Qui veut toujours siffler, même quand il sommeille, Rendant de son pouvoir Ganimède ébahi, Voulut que le nectar fît place au vin d’Aï, Dont il fit apporter par ses folles Ménades, Qui faisaient en hurlant mille pantalonnades. Cinquante gros flacons remplis jusques aux bords, Pour le plaisir de l’âme, et pour le bien du corps.

La déesse des fours, des moulins et des plaines, Où l’œil du bon pitaud * voit l’espoir de ses peines ; Celle qui, s’éclairant de deux flambeaux de pin, A force de trotter usa maint escarpin En cherchant nuit ef jour la donzelle ravie, Cérès au crin doré, le soutien de la vie. Munit les assistants, au lieu de pain mollet, De biscuits à l’eau rose, et de gâteaux au lait.

Celui qui sur la mer impétueuse et fiera, En son humide main porte une fourche fière.