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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/144

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Il6 SAINT-AMANT

Et qui n’entreprend rien dont il ne vienne à bout, C’est qu’il s’était chargé de donner ordre à tout. Or, pour venir au point que je vous veux déduire. Où jeprieaux bons Dieux qu’ils me veuillent conduire. Vous saurez, compagnons, que parmi tant de mets, Qui furent les meilleurs qu’on mangera jamais, Et parmi tant de fruits, dont, en cette assemblée, Au grand plaisir des sens, la table fut comblée. Il ne se trouva rien à l’égal d’un melon Que Thalie- apporta pour son maître Apollon. Que ne fut-il point dit en célébrant sa gloire Et que ne dirait-on encore à sa mémoire ? Le Temps, qui fripe tout, ce gourmand immortel. Jure n’avoir rien vu ni rien mangé de tel ! Et ce grand repreneur, qui d’une aigre censure Voulait que par un trou l’on nous vît la fressure, Morne* le médisant, fut contraint d’avouer Que sans nulle hyperbole on le pouvait louer.

Dès qu’il fut sur la nappe, un aigu cri de joie Donna son corps de vent aux oreilles en proie ; Le cœur en tressaillit, et les jîlus friands nez D’une si douce odeur furent tous étonnés ; Mais quand ce vint au goùt,ce fut bien autre chose : Aussi d’en discourir la muse même n"ose ; Elle dit seulement qu’en ce divin banquet Il fit cesser pour l’heure aux femmes le caquet.