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PIÈCES VARIÉES II7

Phœbus, qui le tenait, sentant sa fantaisie D’un désir curieux en cet instant saisie, En coupe la moitié, la creuse proprement ; Bref pour finir le conte, en fait un instrument Dont la forme détruit et renverse la fable De ce qu’on a chanté, que jadis sur le sable Mercure, trouvant mort un certain limaçon. Qui vit parfois en bête et parfois en poisson. Soudain en ramassa la coque harmonieuse. Avec quoi, d’une main aux arts ingénieuse Aussi bien qu’aux larcins, tout à l’heure qu’il l’eut, Au bord d’une rivière il fit le premier luth. Ainsi, de cette écorce en beauté sans pareille Fut fabriqué là-haut ce charmeur de l’oreille. D’où sortit lors un son, par accents mesuré, Plus doux que le manger qu’on en avait tiré. Là maintes cordes d’arc, en grosseur différentes, Sous les doigts d’Apollon chantèrent des courantes ; Là mille traits hardis, entremêlés d’éclats. Firent cabrioler les pintes et les plats ; Le plus grave des Dieux en dansa de la tête, Et le plus beau de toug, pour accomplir la feste, Joignant à ses accords son admirable voix, Déconfit les Titans une seconde fois. Voilà, chers auditeurs, l’effet de ma promesse ; Voilà ce qu’au jardin arrosé du Permesse, Therpsicore au bon bec, pour qui j’ai de l’amour, En voyant des melons me prôna l’autre jour.