Page:Saint-Amant - 1907.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA CREVAILLE


Qu’on m’apporte une bouteille,
Qui d’une liqueur vermeille
Soit teinte jusqu’à l’ourlet,
Afin que sous cette treille
Ma soif la prenne au collet.

Il faut faire tabagie,
Et célébrer une orgie
À ce Bromien divin.
Lui présentant pour bougie
Un hanap enflé de vin.

Laquais, fringue bien ce verre ;
Fais que l’éclair du tonnerre
Soit moins flamboyant que lui :
Ce sera le cimeterre
Dont j’égorgerai l’ennui.

Voyez le sang qui dégoutte !
Il est, il est en déroute,
Ce lâche et sobre démon,
Et je veux bien qu’on me berne,
S’il n’en a dans le poumon.

Sus donc, qu’on chante victoire.
Et que ce grand mot d'à boire,