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Dans un beau gîte spacieux Vous fouliez les plus molles herbes ; Votre long poil était onde, Vous me sembliez accoudé Sur un vase de porcelaine, Et ce qui de son creux natal Sortait pour arroser la plaine Etait pour le moins de cristal.

Rien que Nymphes jeunes et belles N’en fendait l’agréable cours, Sinon parfois quand les Amours S’y venaient baigner avec elles ; Votre gloire au ciel s’élevait, Amphitrite vous recevait Moins dans son sein que dans son âme ; Bref, imbu de maint faux plaisir, Votre onde était toute ma flamme Et votre aspect tout mon désir.

Cependant rien de plus sauvAge Ne se montra jamais à moi, Jamais mortel n’eut plus d’effroi Que m’en donna votre rivage. En venant à vous aborder, Je fus tout prêt de demander Où vous étiez, voire à vous-même, Je crus qu’au lit, couché sfios draps,