Page:Saint-Amant - 1907.djvu/19

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Qui chanta si fort le los de la vigne ne fut peut-être qu’un médiocre buveur. Saint-Amant, s’il ne fut point pareil à cet énigmatique Chaudière, qui ne but jamais que de l’eau, fit s’entrechoquer plus souvent peut-être les rimes que les coupes. Il a vanté très haut sa capacité d’ivrogne, mais n’a-t-il point délivré un pareil certificat à son ami Faret, à l’honnête, sobre et timide Faret, qui, malgré la rime, ne mit peut-être jamais les pieds en un cabaret, ni au Cormier ni à la Pomme de pin ?

On sent bien, cependant, que Saint-Amant fréquentait volontiers les mauvaises compagnies, mais c’était surtout par amour du pittoresque, et pour en revenir avec ces sonnets qui sont, comme les Goinfres, le Paresseux, Assis sur un fagot, et plusieurs autres, des eaux-fortes qui valent celles de Callot. On disait, de son temps, les « caprices » de Saint-Amant, comme les caprices de Callot. Ils vont de pair : l’un nous fait comprendre l’autre ; ils s’illustrent réciproquement.

Qui ne le connaît, ce sonnet du Paresseux, dont le premier quatrain amuse l’imagination ?

Accablé de paresse et de mélancolie,