Page:Saint-Amant - 1907.djvu/210

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Ils s’habillent soudain, s’en vont à la fenêtre
Pour savoir si le jour s’apprêtait à renaître ;
Et furent étonnés qu’en regardant les cieux
Un clair et beau prodige apparut à leurs yeux.
Ce fut un trait de feu qui, comme une fusée,
Commençant sur leur toit une ligne embrasée.
Avec sa pointe d’or les ténèbres perça,
D’un cours bruyant et prompt vers le Nil se glissa,
Fit loin étinceler sa flamme pétillante.
Et, laissant en la nue une trace brillante,
S’en alla dans cette onde éteindre son ardeur.
Et remplir l’air d’autour d’une agréable odeur.

Vois, cria lors Amram, vois ce que nous figure
Le lumineux sillon que forme cet augure ;
Mon soin est confirmé ; ce chemin noble et droit
De l’asile choisi marque le bel endroit ;
C’est entre nos roseaux qu’aboutit sa carrière :
Jette donc à ce coup tes vains doutes arrière,
Mettons la main à l’œuvre et louons l’Eternel,
Qui nous daigne montrer un souci paternel.

En achevant ces mots, jusqu’à terre ils se plient,
Adorent le grand Dieu, l’exaltent, le supplient
De bénir leur dessein, et rendre leur enfant
Des périls redoutés vainqueur et triomphant ;
Puis, dès que, par le temps, la belle aube argentée
Fut du sein de la nuit comme ressuscitée.
Sitôt que sa lueur reblanchit l’horizon.
Que le jour s’échappa de sa noire prison,