Page:Saint-Amant - 1907.djvu/217

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Et, poussant aussitôt de son affreuse bouche Un ton qui jusqu’au ciel tous les airs effarouche, Il fait frémir la terre, et d’un rapide cours Vient, ô quelle venue ! attaquer le secours. Elisaph le poursuit, Mérary l’ose attendre, Un haut désir de gloire entre les deux engendre Gertainejalousie, ou du moins d’un beau feu Anime également et l’oncle et le neveu.

Le combat achevé, la pucelle craintive S’approche à pas douteux de la fatale rive Où l’énorme amphibie et les deux chers parents Viennent de décider leurs âpres différends ; Elle avance à leur voix, qui d’un ton de victoire L’instruit de leur bonheur, l’assure de leur gloire : Et comme en leur personne elle a couru hasard, A leur triomphe encore elle va prendre part.

Mais à peine auprès d’eux s’est-elle enfin rangée Que son œil voit sa joie en tristesse changée : Elisaph, qui le frère a si bien défendu, Tombe aux pieds de la sœur, du sang qu’il a perdu

Tant qu’un désir de vaincre allumé dans son âme L’avait dans le combat soutenu de sa flamme, Presque de la morsure il n’avait rien senti. Et rien en sa vigueur ne s’était démenti. Son corps avait toujours, au plus fort de l’orage, Répondu dignement à son noble courage ; Mais le désir éteint par le laurier gagné, Il montre de quel sang le prix en est baigné.