Page:Saint-Amant - 1907.djvu/218

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II chancelle aussitôt, il pâlit de faiblesse ; De sa plaie en la cuisse au cœur l’amante il blesse ; II sue, il tombe enfin sans haleine et sans pouls. Et d’un ennui cruel afflige un œil si doux.

Cependant Mérary, songeant qu’en ces rivages II avait remarqué certains simples sauvages Dont la vertu secrète et le suc merveilleux Serviraient au berger dans l’état périlleux, Y va tout aussitôt, d’herbe en herbe chemine, Se baisse, arrête l’œil, les feuilles examine, Sent une fleur, sent l’autre, et passe et tourne court, De ses regards cherchant, tout l’environ parcourt. Et représente ainsi, sur la rive champêtre. Le fidèle animal qui, pour trouver son maître, Flaire à droit, flaire à gauchc^et, confus en ses pas, Vatoujoursd’hommeenhomme,etlesienn’atteintpas.

Enfin, d’une main prompte ayant cueilli de l’herbe Qui faisait éclater sa fleur vive et superbe. Et de qui l’on voyait le vert et beau butin Encor tout parsemé des perles du matin. Il broie, il mêle tout, feuille, tige, racine, L’épreint, en prend le suc, l’aigre plaie en bassine, Réitère l’office, et d’un lin déchiré. Que de son chaste sein la vierge avait tiré, Et que d’une manière affectueuse et prompte Elle venait d’offrir, sous une honnête honte. Faisant un cher bandage à l’endroit douloureux, Fait un second remède au pasteur amoureux.