Page:Saint-Amant - 1907.djvu/225

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O vanité d’une âme en son faste aveuglée ! O de régner sur nous trop superbes désirs ! Que vous nous coûterez de sanglants déplaisirs ! Ne valait-il pas mieux nous laisser dans nos chaînes, Dont la longue souft’rance avait dompté les gènes, Que de nous amener, sous un prétexte feint. Non pour un sacrifice en un lieu haut et saint, Mais pour être immolés nous-mêmes à la rage De la mer qui conspire avecque ton courage, Ou pour nous voir demain livrer à la merci D’un cœur par notre fuite au double rendurci ?

Moïse, généreux, excusant ce tumulte. Jette les yeux au ciel, avecque Dieu consulte. Et, d’un saint mouvement aussitôt inspiré. Les regarde et leur tient ce discours assuré :

Peuple, chasse ta peur : cette puissante armée Que tu vois contre toi de colère animée Eprouvera tantôt le bras de l’Eternel, Et rendra par sa fin son renom solennel, Ils mourront, les bourreaux ; une juste vengeance En exterminera l’abominable engeance ; Ils vont être payés des maux qu’ils nous ont faits ; Leur tyran nique orgueil va crever sous le faix. Hébreux, n’en doutez point, les merveilles passées Se croiraient autrement de vos cœurs effacées, De votre peu de foi vos yeux se fâcheraient. Et tous vos sens un jour vous le reprocheraient. Allons, c’est assez dit, le Tout-Puissant l’ordonne :