Page:Saint-Amant - 1907.djvu/227

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Où venait de souffler uae lourde baleine ;
Là passent à pied sec les bœufs et les moutons,
Où naguères flottaient les dauphins et les thons ;
Là l’enfant éveillé, courant sous la licence
Que permet à son âge une libre innocence,
Va, revient, tourne, saute, et par maint cri joyeux
Témoignant le plaisir que reçoivent ses yeux.
D’un étrange caillou, qu’à ses pieds il rencontre,
Fait au premier venu la précieuse montre.
Ramasse une coquille, et, d’aise transporté,
La présente à sa mère avec naïveté ;
Là, quelque juste eflroi qui ses pas sollicite,
S’oublie à chaque objet le fidèle exercite,
Et là, près des remparts que l’œil peut transpercer.
Les poissons ébahis le regardent passer.

Soudain, à son retour, le grand flambeau du monde
Venant à découvrir l’ouverture de l’onde
Par où l’Hébreu se sauve et trompe la fureur
Qui bouiUait dans le sein du barbare empereur.
Les payens étonnés accourent à la tente
Où ce tyran se flatte en sa cruelle attente.
Lui disent de Jacob l’étrange évasion,
Et le remplissent d’ire et de confusion…
Il prend son glaive, il sort, il écume, il frémit.
Et déjà sous le poids son char plie et gémit ;
Ses rapides chevaux, d’une course effrénée,
Secondent brusquement son ardeur forcenée ;
Un nuage poudreux s’élève sous leurs pas :