Aller au contenu

Page:Saint-Amant - 1907.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

202 SAINT-AMANT

Vie ÉPISODE

LA PÊCHE A LA LIGNE

Comme on voit aux beaux jours la gentille hirondelle Vers son nid merveilleux voler à tire d’aile, En atteindre les bords, sur les bords trémousser. De gestes et d’accents ses petits caresser, Puis de l’œil, puis du bec,toujours prompt à repaître Leur innocente faim, qui comme eux vient de naître, Flatter l’un, flatter l’autre, et leur faire sentir De son tardif retour l’aimable repentir. Telle vit^on alors la soigneuse bergère Courir vers le berceau, d’une plante * légère. Flatterie tendre objet de cent mots enfantins, Sourire à ses appas, bénir ses beaux destins. Et de sa belle bouche, au lieu de nourriture, Avec tous les transports qu’exige la nature, Lui faire ressentir, incroyable douceur ! Les baisers d’une mère aux baisers d’une sœur I

Cependant à sa voix l’enfant prête l’ouïe ; De revoir ces beaux yeux son âme est réjouie, Et, comme elle s’agite auprès du lit flottant, Lui de ses bras émus tâche d’en faire autant.

Le berger les admire, et d’une ardeur extrême : Veuille le juste Ciel, se dit-il en soi-même, Que celle qu’en espoir je tiens pour ma moitié Se signale en amour ainsi qu’en amitié.