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loS SAINT-AMAXT

Dont lui-même en sa mort il t’ait sa sépulture, Elle rendait de l’art jalouse la nature ; Car, soit qu’avec l’aiguille elle voulût tirer Tout ce qu’en un visage on saurait admirer, Soit qu’elle contrefît les beautés d’un parterrre Où le soleil charmé voit la pompeuse guerre Que l’azur livre au blanc, le vert au nacarat. Elle trompait toujours la vue ou l’odorat.

Tantôt, pour réveiller une âme par l’ouïe, Pour de douceur en rendre une autre évanouie, Elle faisait gémir, mais d’un air plus qu’humain, Sur l’ébène d’un luth l’ivoire de sa main ; Et, joignant aux beaux sons des cordes agitées Les grâces de sa voix, par les vents respectées, Elle avait tant d’appas qu’il n’était point de cœurs Dont ses divins accents ne se fissent vainqueurs.

Tantôt, dans un jardin enrichi de statues. De grottes, de canaux et de masses pointues, Où l’on voyait l’orgueil d’un porphyre éclatant Dédaigner son pied même et se perdre en montant, L’esprit de cette belle encore plus sublime, Elevant ses pensers au-dessus de leur cime, Et, comme détaché des liens de son corps, Dont il semblait hair les aimables trésors, S’en allait méditer sur les hautes merveilles Qui servent d’entretien aux studieuses veilles. Et d’objet en objet portant son jugement. Dans ses propres discours se perdait sagement.