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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/237

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moïse sauvé 209

Tantôt, sous des lauriers repliés en arcades, Elle prenait plaisir à voir mille cascades, Que, par art et de front, les claires eaux faisaient Vis-à-vis de la place où ses beaux yeux luisaient. Ces charmes, composez d’une onde vive et pure, Semblaient, en descendant avec un doux murmure, Offrir à sa grandeur des degrés de cristal Pour l’induire à monter sur leur tertre natal ; Tandis que d’autres eaux, par le plomb divisées. Sortaient de cent bassins en forme de fusées, Et que d’autres encore allaient en cent façons Grossir un bel étang plein de rares poissons, Un étang précieux dont seulement les cygnes Entre tous les oiseaux s’osaient réputer dignes, Pour la belle raison de la conformité Qu’avait leur innocence avec sa pureté.

Aussi, le plus souvent, cette princesse illustre S’allait-elle accouder sur un riche balustre Qui décorait les bords de ce grand réservoir. Afin de satisfaire au désir de les voir.

Qu’elle sentait son âme et ses peines charmées Lorsque ces beaux vogueurs à voiles emplumées Se laissaient emporter, au gré des doux zéphyrs, Sur le paisible éclat des liquides saphirs 1 Maisavec quels propos son aise exprimerai-je Lorsqu’elle contemplait celte vivante neige Flotter sans se dissoudre et venir privément Exiger de sa main l’heur de quelque aliment ?

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