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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/244

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2l6 SAINT-AMANT

Leur fortune, leur gloire et leur contentement. Un précieux degré, fait de nacre et d’agate. N’eut pas sitôt senti sa plante délicate Qu’il redoubla son lustre, et par ce vif honneur Prouva de ses baisers l’indicible bonheur. Mais quelque excès d’appasque je me puisse feindre, A sa description je ne saurais atteindre. Car l’innocente honte et la pudicité Couvraient d’un voile saint sa belle nudité ; Seulement à ma plume il est permis de dire Que le Nil la reçut, qu’un aimable zéphyre. Dénouant de son chef le mobile trésor. Semblait faire descendre un noble ruisseau d’or Sur le fluide argent des flamboyantes ondes Où brillaient à lenvi ses grâces vagabondes, Et que l’astre du jour la prit en même instant Pour de l’ivoire souple et du marbre flottant.

D’abord de la fraîcheur elle est un peu transie ; Mais, la fraîcheur enfin lui semblant adoucie, Elle avance le pied, douteux et retenu, Sur un sable mollet, insensible et menu ; Sa taille se dérobe, elle entre, elle se plonge, Elle se laisse aller, s’abandonne, s’allonge. Nage, ébranle les flots, et les flots agités Pétillent d’allégresse autour de ses beautés. Ceux que de son chemin ses jeunes bras écartent Avec un doux regret de ses bras se départent. Et, comme s’ils sentaient quelque aflPront rigoureux,