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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/243

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MOÏSE SAUVÉ ai5

De voir d’un noble corps les chastes membres nus, Finissait une route en beautés incroyable. Un berceau naturel, sombrement agréable. Par ce digne sentier la nymphe s’y rendit, Et pour aller au bain de son char descendit.

Telle que le pinceau fabuleux et profane Dépeint auprès de l’onde une belle Diane, Quand, au retour des bois où ses pas mensongers Suivent les pas craintifs des animaux légers. Elle s’en vient noyer sa chaleur et sa peine Dans l’humide plaisir d’une claire fontaine, Et veut qu’en même temps toutes les vierges sœurs Plongent leur lassitude en ses fraîches douceurs. Telle apparut la nymphe avecque ses pucelles ; Mais c’était une flamme entre des étincelles. Son allure, ses yeux, sa taille et son aspect Influaient dans le sein l’amour et le respect. Sur la rive superbe elle fut la première. Et jamais le soleil, le roi de la lumière. Lorsqu’il sort de la mer, si beau ne se montra Que cette reine fit lorsqu’en l’onde elle entra.

Cent doigts polis et blancs l’avaient déshabillée Sous l’obscure épaisseur de la verte feuillée, Où, bien loin de sa suite, un pavillon tendu En rendait le spectacle aux hommes défendu. Ses beaux pieds, tout ensemble et hardis et timides, S’abaissent dans le fleuve entre deux pyramides Qui semblent s’élever pour dire au firmament