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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/253

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LETTRES ET PHEFAGES

A MONSEIGNEUR LE DUC DE RETZ

PAIR DE FRANGE, CHEVALIER DES ORDRES DU ROI (1)

M

ONSEIGNEUR,

Je me suis souvent étonné comme parmi tant de grands esprits qui ont pris plaisir à tirer de l’an- cienne poésie des préceptes pour enrichir la philo- sophie morale, pas un n’ait remarqué ce qui se peut dire de l’aventure de Deucalion et de Pirrhe, les- quels se sauvèrent de l’inondation générale de toute la terre sur le mont Parnasse, qui seul fut respecté au déluge. Cela ne fait-il pas voir clairement, Mon- seigneur, que ceux qui aiment les lettres ne périssent jamais, et ne semble-t-il pas que ces philosophes, comme envieux de la gloire des poètes, aient eu quelque dessein de leur dérober l’avantage qu’ils ont de pouvoir donner l’immortalité ? En effet, qui ne jugera par cet exemple que, si ces deux illustres reliques du genre humain n’eussent été en la protec- tion des Muses, elles n’eussent daigné les recevoir en leur sainte demeure pour les garantir d’un si pitoyable désastre, et conserver en eux la race des hommes, qui s’en allait faire naufrage avec tout le reste de l’univers ? Ce n’est pas. Monseigneur, que

(i) Entête delà première partie des Œuvres (1O29.

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