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aSo SAINT-AMANT

Justinien, qu’un grammairien soit consommé dans les langues pour enseigner l’étymologie des mots, et qu’un docteur de Sorbonne ait appris le grec et l’hé- breu, pour puiser dans leur propre source les textes formels de l’Ecriture sainte. Mais pour ce qui est d’un poète, d’un philosophe moral ou d’un historien, je ne crois pas qu’il soit absolument nécessaire. Je dis ceci pour certaines gens à la vieille mode, qui, lorsque la vérité les contraint d’approuver ce que je fais, n’ont rien à dire sinon : C’est dommage qu’il n’ait point étudié ! Je le dis encore pour ceux qui, au lieu d’essayer à faire quelque chose d’eux-mêmes, s’amusent non seulement à imiter, mais à prendre lâchement tout ce que l’on voit dans les autres auteurs. Encore leur pardonnerais-je en quelque façon, s’ils le faisaient avec dextérité ; mais ils le font si grossièrement, et le savent si mal déguiser, que, comme l’on dit, on leur reconnaît aussitôt le manteau sur les épaules. Ces Messieurs-là eussent été bien souvent punis en la République de Lacédé- mone : car on les eût bien souvent pris sur le fait. Pour moi, si j’étais sujet à ce vice, je ne m’arrête- rais point à dérober des pensées ; je voudrais faire quelque bon larcin qui me pût enrichir pour toute ma vie : mais je l’abhorre tellement que, même si je lis parfois les œuvres d’un autre, ce n’est que pour m’empêcher de me rencontrer avec lui en ses con- ceptions, et y suis si religieux que, quand j’en