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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/260

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232 SAINT-AMANT

P

PRÉFACE

DU PASSAGE DE GIBRALTAR (1)

uisque, selon l’opinion du plus grand et du plus judicieux de tous les philosophes, le principal but de la poésie doit être de plaire, et que la joie est ce qui contribue le plus à l’entretien de la santé, laquelle est une chose si précieuse en cette vie qu’elle a été préférée par les plus sages à la sagesse même, je tiens pour maxime indubitable que les plus gaies productions de ce bel art, qui, laissant les épines aux sciences, ne se compose que de fleurs, doivent être les plus recherchées et les plus chéries de tout le monde. Ce n’est pas que je veuille met- tre en ce rang les bouffonneries plates et ridicules qui ne sont assaisonnées d’aucune gentillesse ni d’aucune pointe d’esprit, et que je sois de l’avis de ceux qui croient, comme les Italiens ont fait autre- fois à cause de leur Berni, dont ils adoraient les élé- gantes fadaises, que la simple naïveté soit le seul par- tage des pièces comiques. Je veux bien qu’elle y soit, mais il faut qu’elle soit entremêlée de quelque chose de vif, de noble et de fort qui la relève. Il faut savoir mettre le sel, le poivre et l’ail à propos en cette sauce ; autrement, au lieu de chatouiller le goût et

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