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LETTRES ET PRÉFACES 235

combat, dans le navire ennemi qu’ils avaient abordé ; après avoir fait tout ce qu’un généreux désespoir, ou, pour mieux dire,

Tout ce que la fureur, méprisant tout obstacle, Inspire au sein d’un frère irrité du spectacle,

après avoir été renversé d’un coup de pique dans la mer : après s’être sauvé plus d’une lieue à la nage, tout blessé qu’il était ; après s’être vu en mille autres périls devant que de revenir d’un voyage si long, si hasardeux et si pénible ; après avoir servi dans la cavalerie sous le renommé comte Mansfeld ; après avoir eu l’honneur d’être cornette colonelle d’un régiment français sous cet admirable roi de Suède, en ses plus fameuses expéditions, et pour qui j’ai fait ces vers, tirez d’une pièce que j’ai perdue :

C’est cet astre du Nord, ce prince glorieux

Qui même dans la tombe entre en victorieux ;

C’est ce flambeau de Mars, dont l’ardeur consommée

Triomphe en s’éteignant, et laisse une fumée

Qui, ne valant pas moins que sa vive splendeur,

Embaume et remplit tout d’une éternelle odeur ;

enfin, dis-je, pour achever ma narration, ce brave et pauvre cadet, dont on me pardonnera bien en ce lieu ce petit mot pour lui servir d’histoire, d’éloge et d’épitaphe, après avoir commandé plusieurs cam- pagnes navales un des vaisseaux de notre puissant monarque Louis le Juste, d’immortelle et précieuse