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25o SAINT-AMANT

petit mot en passant de mon style, et de la manière que j’ai observée à feire mes vers.iSi j’en avais le loisir, je dirais que je ne suis pas de l’avis de ceux qui veulent qu’il y ait toujours un sens absolument achevé au deuxième ou au quatrième. Il faut quel- quefois rompre la mesure afin de la diversifier ; autrement cela cause un certain ennui à l’oreille, qui ne peut provenir que de la continuelle unifor- mité ; je dirais qu’en user de la sorte c’est ce qu’en termes de musique on appelle rompre la cadence, ou sortir du mode pour y rentrer plus agréable- ment ; je dirais la différence qu’il y doit avoir du style qui narre au style qui décrit. Je dirais que le premier doit être quelquefois simple et quel- quefois figuré, selon la qualité des matières que l’on traite ; que le dernier doit être toujours soutenu de mots propres, justes et significatifs ; et qu’enfin toutes sortes de styles, excepté le bas, peuvent trou- ver leur place légitime dans un grand poème. Je di rais encore qu’il est presque impossible de faire d’ex - c ellents vers, à cause de l’harmonie et de la repré- sentation, sans avoir quel([ue particulière co nnais- sance de la musique et de la peintur e, tant il y a de rapport entre la poésie et ces deux autres science s, qui sont comme ses cousines germai nes ; et quand j’âïïrâîsTTttout cela bien au long, et avec toutes les circonstances requises,je n’aurais pas dit la centième partie de ce qui peut s’en dire*