Page:Saint-Amant - 1907.djvu/28

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psychologues plus que des artistes ot des moralistes plus que des poètes. Ces nouveaux venus manquèrent singulièrement d’indulgence pour leurs prédécesseurs ; ils se crurent de force à rejeter dans l’ombre toute la littérature qui les précédait. Ils prétendirent renouer directement avec l’antiquité et ce qu’ils reprochaient le plus à Saint-Amant et à tels de ses contemporains, c’était de l’avoir méconnue. On peut voir, en effet, en parcourant les curieuses préfaces que le poète rédigea pour ses œuvres, que l’antiquité était le moindre de ses soucis. Alors que l’imitation des anciens allait devenir la grande règle littéraire, Saint-Amant avouait bonnement qu’il ne savait que peu de latin et moins encore de grec : c’est ce que le pédantisme de Boileau peut-être lui pardonnera le moins. Les Lettres et Préfaces, que nous avons groupées dans cette édition, exposent très nettement les goûts littéraires de Saint-Amant. On le connaîtra mieux, je crois, après les avoir lues. La Préface de Faret n’est pas négligeable non plus : elle nous donne le Saint-Amant tel qu’il appaiaissait à ses admirateurs.

REMY DE GOURMONT.