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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/298

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SAlNt-AMANT

D’autres autour de lui s’efforcent ot s’étendent,

Leurs membres alongés écartent ce qu’ils fendent ;

Il en souffre d’abord, tout monarque qu’il est,

Et dans ce noble jeu la dispute lui plalt.

Mais autant qu’il les passe en mérite, en noblesse,

Autant leur montre-t-il qu’il les passe en adresse,

11 s’élève, il se plonge, et, d’un air déployé.

Il sauve, et fait revoir ce qu’il avait noyé.

On revoit à l’instant sa précieuse tête,

Le cristal en dégoutte, il respire, il s’arrête,

Il se fait adorer en cet humide enclos.

Et semble un beau Neptune au milieu de ses flots.

La Lune suit dans son palais le Monarque qui sort du bain, le voit souper avec la Reine et elle saisit cette occa- sion pour décrire le chagrin que lui a causé la maladie du Roi et sa joie en apprenant sa guérison, obtenue grâce aux prières de la Reine-Mère.

Cependant la vue de Louis XIV ne saurait lui suffire, elle désire l’entretenir et charge Saint-Amant de ce soin :

Toi donc à qui je parle, et que mon frère avoue, Toi, dis-je, qu’il chérit, qu’il estime, et qu’il loue, Comme un des plus ardents et des plus curieux A chercher des sentiers nouveaux et glorieux ; Qui peux, sans vanité, prétendre en l’art des Muses Au laurier qui se donne aux sciences infuses ; Va trouver ce Grand Prince, et d’un rare entretien Dis-lui par de beaux vers le haut sujet du mien. Dis-lui, mais fortement, qu’à tel point je le prise, Que de son front divin je suis si bien éprise Que je ne puis souffrir, le voyant luire en l’or, Qu’une sordide main l’abîme en son trésor. Cette image sacrée à mon œil est si chère, Quoiqu’à ma clarté sombre elle ne s’offre guère. Que si je hais l’avare, au cœur mangé de soins, Je blâme le prodigue, et ne le hais pas moins, tiis-lui que je déteste une nombreuse race