Page:Saint-Amant - 1907.djvu/33

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et à qui il n’inspire des subtils sentiments de joie. Son esprit paraît sous toutes les formes, et c’est une chose admirable, et qui ne s’est peut-être jamais vue, qu’une même personne ait pu en un éminent degré réussir également en deux façons d’écrire qui sont d’une nature si différente et qui semblent être opposées. Et certes, qui peut voir cette belle Solitude, à qui toute la France a donné sa voix, sans être tenté d’aller rêver dans les déserts ? et si tous ceux qui l’ont admirée s’étaient laissé aller aux premiers mouvements qu’ils ont eus en la lisant, la Solitude même n’aurait-elle pas été détruite par sa propre louange, et ne seroit-elle pas aujourd’hui plus fréquentée que les villes ? Ce divin Contemplateur, qui ne peut être assez dignement loué que par celui même qu’il loue, je veux dire par ce grand et saint prélat à qui il est dédié, n’est-ce pas même une sublime leçon de la plus parfaite sagesse et de la plus haute philosophie chrétienne et morale ? Quel courage assez hardi pourrait ouïr réciter ses Visions mélancoliques, dont le titre seul a je ne sais quoi d’effroyable, sans frémir d’horreur ? Et quelle âme assez austère pourrait lire