Page:Saint-Amant - 1907.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans ce vallou vert et sauvage !
Puis, glissant sous les arbrisseaux,
Ainsi que des serpents sur l’herbe,
Se changent en plaisants ruisseaux,
Où quelque Naïade superbe
Règne comme en son lit natal.
Dessus un trône de cristal !

Que j’aime ce marais paisible !
Il est tout bordé d’aliziers.
D’aulnes, de saules et d’osiers,
A qui le fer n’est point nuisible.
Les Nymphes, y cherchant le frais,
S’y viennent fournir de quenouilles.
De pipeaux, de joncs et de glais* ;
Où l’on voit sauter les grenouilles.
Qui de frayeur s’y vont cacher
Si tôt qu’on veut s’en approcher.

Là, cent mille oiseaux aquatiques
Vivent, sans craindre, en leur repos,
Le giboyeur fin et dispos,
Avec ses mortelles pratiques.
L’un, tout joyeux d’un si beau jour.
S’amuse à becqueter sa plume ;
L’autre allentit le feu d’amour
Qui dans l’eau même se consume,
Et prennent tous innocemment
Leur plaisir en cet élément.