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SAINT-AMANT

Et que tous les siècles révèrent,
Être encore aussi beaux et verts,
Qu’aux premiers jours de l’univers !

Un gai zéphire les caresse
D’un mouvement doux et flatteur.
Rien que leur extrême hauteur
Ne fait remarquer leur vieillesse.
Jadis Pan et ses demi-dieux
Y vinrent chercher du refuge,
Quand Jupiter ouvrit les cieux
Pour nous envoyer le déluge,
Et, se sauvant sur leurs rameaux,
À peine virent-ils les eaux.

Que sur cette épine fleurie.
Dont le printemps est amoureux,
Philomèle, au chant langoureux,
Entretient bien ma rêverie !
Que je prens de plaisir à voir
Ces monts pendants* en précipices,
Qui, pour les coups du désespoir,
Sont aux malheureux si propices,
Quand la cruauté de leur sort
Les force à rechercher la mort !

Que je trouve doux le ravage
De ces fiers torrents vagabonds,
Qui se précipitent par bonds