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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/52

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Pour lui le flot amer est doux,
Aquilon retient son courroux,
Saturne a l’influence heureuse,
Et Phebus, plein de passion,
Aide, en sa chaleur vigoureuse,
A faire éclore l’alcyon.

Tout ce qu’autrefois j’ai chanté
De la mer, en ma Solitude,
En ce lieu m’est représenté,
Où souvent je fais mon estude.
J’y vois ce grand homme marin*
Qui d’un véritable burin
Vivait ici dans la mémoire.
Mon cœur en est tout interdit,
Et je me sens forcé d’en croire
Bien plus qu’on ne m’en avait dit.

Il a le corps fait comme nous,
Sa tête à la nôtre est pareille,
Je l’ai vu jusques aux genoux,
Sa voix a frappé mon oreille,
Son bras d’écailles est couvert,
Son teint est blanc, son œil est vert,
Sa chevelure est azurée.
Il m’a regardé fixement,
Et sa contenance assurée
M’a donné de l’étonnement.