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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/51

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Et, dans ma recherche profonde,
Je loge en moi tout l’univers.

Là, songeant au flux et reflux,
Je m’abîme dans cette idée ;
Son mouvement me rend perclus,
Et mon âme en est obsédée.
Celui que l’Euripe engloutit
Jamais en son cœur ne sentit
Un plus ardent désir d’apprendre ;
Mais quand je veux bien l’éplucher,
J’entends qu’on n’y peut rien entendre,
Et qu’on se perd à le chercher.

Là, mainte nef au gré du vent
Sillonnant la plaine liquide
Me fait repenser bien souvent
A la boussole qui la guide ;
La miraculeuse vertu
Dont ce cadran est revêtu
Foule ma raison subvertie,
Et mes esprits, en ce discors
S’embrouillent dans la sympathie
Du fer, de l’aimant et du nord…

Tantôt comme un petit bateau
Dans la bonace non suspecte,
J’aperçois voguer sur cette eau
Le nid que l’orage respecte :