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L’autre me porte amour si apparente,
Que d’estre sien maugré moy je consens.
Mais bien que plus d’elle aimé je me sente,
Plus addonné à l’autre je me sens :
O que pareil aux deux fust le vouloir,
Ou que de l'une il me peust moins chaloir 1 !
1. On trouve, dans les poésies de François I er , un
dizain du même genre, attribué ailleurs à Jacques
Gohorry :
D’en aimer trois ce m’est force et contrainte.
E. P.-B.
.
C
e que je veux et ce que je mérite
Ont d’une part entre eux quelque distance.
Humble est mon rang ; ma fortune est petite ;
Mais bon esprit, bon cœur valent chevance.
Jà ne deviez éprouver ma constance^
Puis de l’espoir m’oster le réconfort.
Rendez moy donc, s’il vous plaist, l’espérance,
Ou m’enseignez à n’aimer plus si fort ’.
i. Dans les éditions précédentes, les six premiers
vers de ce huitain n’étoient pas intelligibles. Les
voici :
Ce que je veux et ce que je mérite,
Sont séparés de si longue distance,
Que mes faveurs et ma force petite
Font l’un à l’autre ennuy et résistance :
Fors à ce bien qu’ayez en souvenance
Qui de l’espoir m’oste le réconfort. L. M.
Le Ms. H. II les donne tels que La Monnoye les a rétablis d’après le Ms. H. de Culant. p. b.