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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/19

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INTRODUCTION

Dans l’orage révolutionnaire, rien n’apparaît plus séduisant, plus mystérieux et plus grand que cette figure calme et douce, qui resplendit comme celle d’un dieu de marbre au-dessus de l’agitation des partis. Il semble que la Révolution ait condensé dans les lignes de ce visage tout ce que la vertu républicaine, tout ce que l’héroïsme jacobin avaient de plus sublime et de plus profond. L’enthousiasme tranquille et sûr, la noblesse du caractère, la sagesse et la prudence de l’esprit, et cette conscience de soi-même que donne une inflexible volonté, toute cette combinaison harmonieuse d’éléments divers s’était accomplie dans le cœur et dans le cerveau de ce jeune homme de vingt-cinq ans[1]. Le même charme surnaturel dont sa jeunesse et sa beauté enve- loppaient la Convention saisit et subjugue encore ceux qui entrent dans le rayonnement de cette grande figure. Ses historiens, Louis Blanc, Miche-

  1. Saint-Just naquit à Decize (Nièvre), le 23 août 1767. Il avait donc exactement 25 ans quand il fut élu à la Convention, le 2 septembre 1792.