Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/20

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let, Lamartine, Ernest Hamel, ont ressenti tour à tour l’influence de cette perfection presque divine. Ceux-là même qui n’ont pris la plume que pour combattre et condamner son œuvre n’ont pu échapper, lorsqu’ils ont été sincères, à cette sorte de séduction, que constate précisément l’un d’eux, Edouard Fleury, en racontant l’élection de Saint-Just à la Convention : « Le nom de Saint-Just, dit-il, fut proclamé par le président de l’Assemblée au milieu des applaudissements enthousiastes de ses amis. Quand le jeune conventionnel apparut dans la salle, ce fut un concert d’acclamations auxquelles se joignirent même les électeurs qui tout à l’heure lui avaient refusé leurs voix. Sa tendre jeunesse, son grand air, l’intelligence froide qui rayonnait sur son front, sa confiance en lui-même, avaient triomphé des hostilités[1]. »

Plus encore que sa beauté physique, la beauté morale de Saint-Just domine et confond. Quand, dans sa vieillesse, on interrogeait sur son frère Mlle Louise de Saint-Just, devenue Mme Decaisne, elle répondait d’ordinaire par ces seuls mots : « Il était si beau ! » Et elle ajoutait : « Il était si bon ! » Cette bonté, dont le souvenir s’est ainsi transmis dans sa famille, chacun des actes de sa vie en est un témoignage éloquent. Sa sollicitude à l’égard de sa mère et de ses sœurs[2], son culte pour l’amitié, dont

  1. Éd. Fleury, Saint-Just et la Terreur, I, p. 154.
  2. V. plus loin, p. 316, la lettre de Saint-Just à Adrien Bayard.