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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/220

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Appelle un casque un ornement frivole ;
Paul Hudegon, lequel donna son bien
Pour un baiser, et lequel fut tout sien ;
Le souple Odar, ingrat avec tendresse.
Parlant toujours vertus, humanité,
Lâche avec art, faux avec politesse.
Monstre fardé de sensibilité ;
Guelfe, parjure, et cynique effronté ;
Altamant, fourbe avec tranquillité.
Au demeurant, par un rare assemblage,
Tous ces faquins étaient pleins de courage.
Nemours parut ; lui seul punt-être alors
Avait un cœur sans tache et sans remords ;
Son front, blanchi sous l’aigrette poudreuse,
Annonce encore une âme vigoureuse,
Où les vertus, qu’assiège en vain le temps,
Ont réparé la faiblesse des ans.
« Ô vous, dit-il d’une voix aguerrie,
« Qu’assemble ici l’amour de la patrie,
« En telle main que tombe cet honneur,
« Votre vertu me épond du vainqueur ;
« Et si la gloire, autrefois plus facile,
« Amène ici ma vieillesse débile.
« Amis, c’est moins pour vous la disputer,
« Que pour offrir en ce moment funeste
« Le dernier coup que mon bras peut porter,
« Et tout mon sang, ou le peu qui m’en reste.
« Nous sommes tous et braves, et Français ;
« Entre nous tous que le Destin prononce,
« Et que vos bras attendent sa réponse
Les Chevaliers paraissent satisfaits.
On met les noms dans une urne fatale,
Et l’on convient que la gloire sera
Aux premiers noms que le Ciel enverra.
Crainte, espérance était par-tout égale.
Pépin sortit : il eut pour compagnon
Le redoutable et bouillant 'Ferragon.
Pépin, frappé d’une noble épouvante,