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XIV



RAPPORT SUR LA CONJURATION OURDIE POUR OBTENIR UN CHANGEMENT DE DYNASTIE ; ET CONTRE FABRE D’EGLANTINE, DANTON, PHILIPPEAUX, LACROIX ET CAMILLE DESMOULINS




L’ordre d’arrestation de Danton et de ses amis, signé par les membres des deux Comités réunis, fut exécuté le 11 germinal, à 6 heures du matin. Saint-Just, chargé du rapport, le rédigea en quelques heures, à l’aide de notes que lui remit Robespierre. Dans la séance du même jour, il en donna lecture à la Convention. Le projet de décret présenté fut adopté à l’unanimité. Le même soir, le rapport fut lu à la tribune des Jacobins.

Citoyens, la révolution est dans le peuple et non point dans la renommée de quelques personnages. Cette idée vraie est la source de la justice et de l’égalité dans un État libre ; elle est la garantie du peuple contre les hommes artificieux qui s’érigent en quelque sorte en patriciens, par leur audace et leur impunité.

Il y a quelque chose de terrible dans l’amour sacré de la patrie ; il est tellement exclusif qu’il immole tout sans pitié, sans frayeur, sans respect humain, à l’intérêt publie ; il précipite Manlius ; il immole ses affections privées ; il entraîne Régulus à Carthage, jette un Romain dans un abîme,